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Spitzberg 2012 : Un mois en kayak sur la côte Nord-ouest, entre glace, oiseaux et ours !!

L'objectif de cette aventure :

Ces terres froides comme les appelaient les Vikings forment l'archipel du Svalbard, elles sont à moins de 1000 km du Pôle Nord. Juste cette définition suffit à motiver mon attirance pour ces terres Arctiques. J'ai donc remonté, en juin 2012, la côte Nord-Ouest de la Plus grande ile, le Spitzberg. Cette naviguation a été possible car cette région est balayée par le courant de l'Atlantique nord (prolongement du Gulf Stream) et la débâcle est de plus en plus précoce depuis 2008. Dérèglement du climat, hiver doux, brusque changement de température, ces observations et témoignages seront un des but de l'expé. L'autre grand thème de cette contrée est l'Ours Polaire, c'est la zone d'Atlantique Nord où il y en a le plus. Bien que je ne l'aurai pas croisé, il aura été présent à mon esprit dans tous mes faits et gestes.

Le 31 mai c'est l'envol depuis Charles De Gaulle, avec bien sur une grève des aiguilleurs du ciel comme d'habitude, donc plus d'une heure de retard... Escale à Oslo et à partir de ce point l'avion prend un cap plein nord . Atterrissage à minuit au Svalbard avec un magnifique soleil venant du Nord Est, bienvenu au pays du jour éternel! Durant trois jours je prends mes marques dans la petite ville minière de Longyearbyen, complète mes vivres, récupère mes autorisations, loue le fusil, tente d'acheter des cartouche à blanc de chasse pour l'alarme ours et là je me heurte à un obstacle administratif, n'étant pas chasseur je ne peux acheter ce type de munition même à blanc (C'est le paradoxe, j'ai le droit d'avoir un fusil avec des munitions de 30-06, une arme de guerre, mais pas des munitions de chasse??) Finalement grâce à l'intervention de l'ajointe au Gouverneur on me prête gracieusement ces munitions, comme çà l'honneur est sauf, on ne laisse pas partir le petit français sans protection ours et on enfreint pas la loi en lui vendant des munitions de chasse...

Pour mon premier jour de navigation j'ai du mal à trouver un endroit qui me plait pour planter mon camp, finalement je vais parcourir 28Km alors que je suis parti à 18h30, cela me fait débarquer à 1h du matin, mais dans un paysage magnifique au milieu des rennes.

Mon deuxième jours sera plus court, je ne souhaite pas traverser l'Isfjorden dans la foulé et la météo est annoncée meilleur pour le lendemain... Je profite donc de cette courte journée pour poser ma tente près de la base Russe d'hélicoptère qui dessert la colonie Slave de Barentsburg, les deux techniciens de garde n'en reviennent pas de voir déboucher quelqu'un de la falaise brodant la mer, malgré la surprise, ils sont adorable et propose de me conduire jusqu'à la mine distante de 5km afin de faire rencontrer quelqu'un qui parle anglais et ainsi me présenter leur petite ville, bienvenu en URSS 40 ans en arrière, dépaysement total...

Grand jour, c'est la traversée de l'Isfjorden, 15Km de mer, face à la mer du Groenland, mer calme et peut de courant, un temps idéal. Après avoir franchit le cap Scania, j'entame une magnifique remontée plein nord entre l'ile du Prince Karl et le Spitzberg, le premier jour je me fais avoir par une houle qui m'écarte de la côte à 2Km/h, puis je prend rapidement l'habitude de corriger cette dérive, ma progression se fait en compagnie des Pétrels, Goélands et Guillemots. Je commence à prendre l'habitude pour le montage du camp, mais les il me faut généralement trois heures, dont ½ heure pour régler la barrière anti-ours (fil tirant sur une goupille afin de percuter une cartouche à blanc et ainsi surprendre l'ours et en même temps me prévenir), la tente Nemo par contre se monte rapidement, mais j'essaie de m'installer loin de la côte et en hauteur afin de ne pas être sur le passage d'un potentiel ours, mais cela implique du transport depuis mon kayak. Les 6-7 premiers jours je n'arrive pas à ingurgiter le régime que je me suis préparé, pourtant que des bonnes choses, Tobleronne, nougat de Montélimar, pâte d'amande bio de la Drôme, Jerky beef, noix de cajou et les soir du Beaufort et un plat lyophilisé Trek'n eat.

J'essaie de faire coïncider mes départs et arrivées avec la marée haute afin de ne pas avoir trop à tirer mon kayak sur la plage. Puis je choisi le jour avec le courant de marée le plus faible pour franchir la pointe Sarstangen, il n'y a que 4 à 5 mètres de fond et les courants peuvent y être violent, on l'appelait la passe des capitaines fous, car il fallait ne pas avoir toute sa tête pour risquer son bateau là au temps des baleiniers... le vent du nord s'étant levé, je rencontre quand même une petite houle contraire dans ce passage et décide d'accoster peut de temps après avant que les vagues ne soit trop importante et me mouille trop lors de mon accostage, camp surréaliste au milieu de troncs d'arbres sur une ile n'ayant jamais connu de forêt, ils proviennent de la Sibérie via la dérive transpolaire. Je me rapproche petit à petit de Ny Alesund et du 79ème parallèle, cela fait 7 jours que je suis parti et la météo a été plutôt clémente, mais le 8ème jours il pleut et surtout un vent de Nord-ouest donc venant du large crée de grosse vague, je ne suis pas motivé pour me faire tremper dès le départ dans une eau proche de 0° et surtout batailler contre le vent puisque pour passer le cap Kvadehuken qui va m'ouvrir au Kongsfjorden je vais naviguer vers l'ouest donc je m'accorde un jours de repos.

Le lendemain je croise une colonie de phoques, une vingtaine, en passant le cap, ils sont très curieux, limite à vouloir monter sur le kayak. Puis c'est l'arrivée à la base polaire de Ny Alesund, j'essaie de m'y faire discret, car les « touristes » n'y sont pas les bienvenus. Je vais planter ma tente à 1km du village scientifique sur l'emplacement réservé à cet effet, l'endroit et magnifique et offre une vue imprenable sur les immenses glaciers du fond du fjord. Comme La Malouine (le petit brigantin) a eu une avarie elle ne sera pas avant mi juillet dans le Nord-ouest, je revois donc mes plans en diminuant le côté challenge, je sais que je n'aurait pas matériellement le temps d'arriver au 80ème parallèle et de faire le chemin en sens inverse, donc j'augmente le côté exploration en partant à la découverte du Kongsfjorden dans sa totalité. Le fond de cette immense fjord est magnifique avec le glacier du Couronnement qui y vêle ses icebergs au milieu d'énormes détonations. Après avoir entraperçu à nouveau un Rorqual, je pars à la recherche des anciens baraquements du CNRS de la base Corbel, je les découvre avec une équipe de l'Institut Paul Émile Victor qui est entrain de la restaurer afin d'en faire une base polaire 0 émission. Scène surréaliste d'un compatriote qui leur livre du Beaufort et du nougat en kayak depuis Longyearbyen... Cela fait du bien de s'immerger à nouveau dans la convivialité, la discussion, les fous rire et manger assis à une table, même si la base n'est pas chauffé, cela s'appelle du luxe en arctique.

Le lendemain je traverse le Kongsfjorden et dans la foulé poursuit jusqu'au cap Mitra, c'est la porte de l'océan arctique. J'aperçois mon premier bateau de croisière, le MS Fram je crois... Je retrouve encore plus de bois flotté, de grandes rivière se jètent dans la mer. Je crois presque plus de rennes, mais quotidiennement j'ai un ou deux phoques qui me suivent durant des heures, c'est évident je les intrigues. Je commence à avoir des problème pour anticiper le choix de mon prochain camp car sur cette côte nord-ouest les rives sont souvent des falaises mais j'arrive souvent à trouver une petite crique, souvent proche d'un déboucher de glacier ce qui m'assure un magnifique paysage. Heureusement que Steven du groupe Katadyn m'a convaincu de prendre du Micropur car je trouve rarement une petite source à proximité de ma tente et je prend de l'eau de fonte qui stagne en grandes nappes un peu partout et avec les milliers d'oiseaux qui y trainent dedans il est préférable de désinfecter. Il va bientôt falloir que je fasse demi tour si je veux revenir à temps à Ny Alesund pour trouver un moyen de transport, je décide de ne pas franchir le glacier Sjette et ne pas aller jusqu'au Fjord Madeleine, la météo annonce un fort vent d'ouest pour le lendemain et je ne peut pas me permettre de planter la tente dans un espace ouvert vers le large et avec un glacier dans mon dos qui peut créer des accélérations du vent, j'ai repérer quelques heures plutôt une petite baie protégé où je pourrait mettre le kayak et la tente en sécurité. Le vent est en effet au rendez-vous avec une forte houle, je reste donc tranquillement à l'abri sur terre. Le retour est plus difficile que l'aller, je dois lutter contre un vent de sud qui m'empêche de faire des pauses car 5min d'arrêt me font reculer de 100m. Le passage du cap Mitra se fait dans une mer plus agitée qu'à l'aller, mais au mois la houle me pousse vers la côte et je ne risque pas de me retrouver en pleine mer. Une fois revenu dans le Kongsfjorden je peux prendre mon temps, normalement la traversé vers Ny Alesund devrait n'être qu'ne formalité. Je pars donc à la découverte du Krossfjorden et du glacier de Lilliehook qui offre une langue glacière de 8km dans la mer. Je commence à croiser plus de bateaux de croisière, apparemment la saison a commencé...

Il y a beaucoup de Macareux moine dans ce fjord, c'est leur refuge, mais ils sont assez craintif et difficile à prendre en photo, à l'approche ils préfèrent plonger, car ils ont beaucoup de mal à s'envoler, ils en sont même comiques car ils retombent plusieurs fois à l'eau avant de décoller. Mon aventure touche à sa fin, je dois traverser le fjord afin d'aller récupérer le moyen de transport que j'ai trouvé à Ny Alesund et qui va me ramener à Longyearbyen, mon kayak sera récupérer durant l'été par La Malouine. Il fallait bien que cela m'arrive une fois durant mon voyage, je me fait surprendre par un vent catabatique venant du fond du fjord, 10-11m/s, certes il y a beaucoup plus fort mais je ne m'attendais pas à çà et si j'abandonne cela me pousse droit vers le large et non sur une des rives du fjord, j'arrive à accoster sur une petite ile afin de mieux me préparer, je remet mon gilet de flottaison et vérifie que le port de Ny Alesund est bien sur le canal 16 de ma VHF et c'est parti pour 6,5Km de tempête, je mettrai 2h30 pour les faire, par moment ma vitesse réel était de 1km/h...

Je repasse sous la barre des 79° et pose pour la dernière fois mon kayak sur la plage de Ny Alesund...

Ces 19 jours de mer et un peu plus de 400km m'auront fait découvrir une nature sauvage et très riche en faune, des milliers d'oiseaux m'auront accompagné durant ces navigations, les vêtements Millet m'auront fidèlement réchauffé le soir, j'aurai pu vivre cette sensation ambivalente d'être seul au monde sur des centaines de kilomètre dans la zone du Sun où aucun navire ne peut passer, j'aurai profité d'un jour permanent me faisant vivre de façon totalement décalé par moment, Bref une découverte de soi et de paysages arctiques inoubliable et irremplaçable.