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L'attente...

19/08/08

Le départ du voyage commence avec un peut d’attente à Heathrow, l’avion pour Reykjavik a beaucoup de retard. Arrivée en Islande à 1h du matin, bivouac dans la gare routière à proximité du petit aérodrome intérieur d’où décollera mon avion pour le Groenland.

20/08/08

Baptême de l’air à bord d’un bimoteur à hélices, un DASH 8. Durant le vol je redécouvre avec plaisir le  Snaefells jökull que j’avais gravi en 2006, dernier bastion de la terre Islandaise avant l’arctique. Après une courte étape à Kulusuk je débarque à Nerlerit Inaat, une tour de contrôle perdu au milieu de nulle part…

Je me sens un peu perdu en arrivant Ittoqqortoormiit, il est tard, et il n’y a plus grand monde pour me renseigner. Je décide d’aller voir le policier local, afin de savoir où je peux me ravitailler et planter la tente. Il me déconseille de planter ma tente à la sortie du village, car hier ils y ont aperçu un ours polaire et ils n’ont pas réussi à le tuer donc il pense qu’il rode toujours dans cette zone, je plante donc ma tente près de la station météo, avec une vue imprenable sur le Fjord.

21/08/08 au 26/08/08

C’est la tempête, au plus fort du mauvais temps le vent a dépassé les 100km/h. Il a plu beaucoup, cela fait plus de 6 ans que les Groenlandais n’on pas vu un aussi mauvais temps. Le pont qui sépare la colline, où je me suis installé, du village a été à moitié emporté j’ai failli être coupé de la « civilisation » bien involontairement.

27/08/08 au 29/08/08

Je pars découvrir la baie de Rosenving en kayak, car je ne peux toujours pas réaliser mon projet de randonnée autour de Milne Land au centre du Fjord à cause de la mauvaise météo. J’arrive à Cap Tobin et cherche une plage qui peut accueillir le kayak, la mer devient de plus en plus difficile, et je finis par passer à l’eau à quelque mètres du rivage, mis à part le froid qui me saisi il n’y a pas de mal car j’ai pied et j’ai réussi à prendre la longe de mon kayak avant qu’il ne reparte vers le large. Puis par la suite je découvre le bord de ce cap, vers l’océan, à pied car les jours d’après la mer est trop mauvaise pour partir en kayak. Les seuls êtres vivant que je croise sont des chiens de traineaux qui vivent ici à l’état sauvage, je me méfie d’un qui semble assez hargneux, et je me sens rassurer avec le fusil au départ prévu pour l’ours polaire. Mon retour sur Ittoqqortoormiit se fera sur une mer agitée, juste le passage du cap aura été délicat, la suite se fera sans problème malgré des creux de deux mètres, le kayak est très stable et je ne me sens pas en danger.

30/08/08 au 31/08/08

Le temps s’améliore tout doucement, je pars donc randonner à pied autour d’Ittoqqortoormiit en direction de Walrusbay. Les contrastes sont saisissant, au soleil il fait très chaud et je suis en tee-shirt mais dès que je passe à l’ombre il me faut remettre ma polaire, voir ma gore tex…

Les traversées des torrents sont un peu frisquettes, et pour une je regrette de ne pas avoir mes bâtons car le courant est assez fort, le torrent vient du glacier de Trefoden. L’ours polaire qui avait élu domicile dans ces parages il y a quinze jours n’est plus là, je n’ai pas vu de traces, il a du remonter vers le nord. A mon retour à Ittoqqortoormiit le Cargo qui ravitaille la ville avant le long isolement de l’hiver est là, c’est un long balaie de camions porte conteneurs.

 

Milne Land...

01/09/08 au 08/09/08

C’est le départ pour Milne Land, très tôt le matin, il a gelé cette nuit, ce n’est pas normal à cette période, du coup il y a du brouillard sur la mer, on file à 30km/h sans rien voir, alors qu’il y a des glaçons un peu partout sur l’eau, même si la coque est renforcé je pense qu’il vaut mieux éviter de taper un gros morceau à cette vitesse. La traversée est longue, plus de 4 heures jusqu’à l’ile Danmark où se trouve le petit port de Hekla. Il y a une ancienne maison de la compagnie de chasse et de pêche du Groenland, avec une antique radio digne des films de Paul Emile Victor. Les Groenlandais me taquinent comme je n’ai pas voulu prendre de téléphone satellitaire ils me proposent d’attacher la radio sur le kayak, elle doit faire plus de 150 kilos et représente l’encombrement de deux grosses valises de voyage… La maison sert maintenant de Safety House, c’est la seule à plus de 500 km à la ronde. Je pars rapidement malgré l’heure avancé, car je veux profiter du beau temps et j’ai hâte de me retrouver seul dans ce décor féerique. Les glaces sont encore en faible quantité et la mer est un miroir, le kayak avance bien. Quand j’arrive à la pointe sud de Milne Land les glaces ont nettement augmenté, le flot d’iceberg et de pack craché par le petit fjord Vestfjord m’oblige à faire énormément de détours, je doute même de la possibilité de pouvoir accoster tellement ce mélange de glace pilée et d’iceberg parait impénétrable. De plus je vois et entend au loin des icebergs s’écrouler dans la mer, quand je suis obligé de longer à quelques mètres des icebergs de 6 étages je n’ose pas imaginer le ras de marée qui en surgirai s’il y avait une chute de « sérac ». Finalement j’arrive à trouver une voie d’eau libre qui me permet de prendre pied près du glacier Rolige Bræ juste avant la nuit. Le lendemain matin je monte sur la moraine pour admirer ce glacier il vient directement de l’Inlandsis. Cela provoquera ma première rencontre avec les bœufs musqués. Ces grosses chèvres sont impressionnantes, et l’une d’elle n’avait pas l’air d’apprécier ma présence et a cherché à m’intimider jusqu’à une cinquantaine de mètre de moi, ne voulant pas jouer au toréador avec un animal de la taille d’un bison, j’ai engagé une balle dans le fusil près à riposter en cas d’attaque, se sera la seul fois de mon séjour où j’aurais armé mon fusil. Mais au jeu de l’intimidation c’est moi qui gagne cette fois ci.

La traversé en kayak face à ce glacier fut un véritable casse tête et casse bras, apparemment cela doit être «l’usine» la plus productive de la région, je slalom en permanence au milieu du pack, je reviens en arrière, je reviens rive droite du fjord en collant à Milne Land, je pagaille dans 1 à 2cm de glace et parfois je dois pousser le kayak sur la glace avec les mains, sans pouvoir en descendre pour autant. Malgré ce retard accumulé à cause des glaces, j’arrive quand même au delta où je souhaitai bivouaquer, un bœuf musqué me tient compagnie pendant le montage de la tente. Pour ma dernière journée, je fais la rencontre d’un petit phoque qui n’avait pas entendu le kayak, j’ai pu ainsi l’approcher à moins de 5m, dommage l’appareil photo n’était pas prêt. Il me suivra pendant presque 5h, il m’attendra même pendant ma pose déjeuner, les humains en kayak ne doivent pas être fréquents dans cette zone et cela devait l’intriguer. Pour rejoindre la pointe de C.Hofmann Halvǿ où je vais me faire récupérer par le zodiac je traverse le petit fjord de Harefjord, c’est magnifique mais 12kms en pleine mer et avec comme unique repère les icebergs cela déstabilise un peu au niveau de l’appréciation des distances. Le retour sur le zodiac est glacial, heureusement on fait une pose et je mets presque tous mes vêtements afin de garder ma chaleur malgré la vitesse de 50km/h.

 

Hurry Fjord

09/09/08 au 16/09/08

Hier soir j’ai été invité à diner par une famille d’Ittoqqortoormiit, ils m’ont fait gouter du bœuf musqué qui avait été chassé la veille. C’est délicieux et très tendre, quand on voit le côté rustre et primitif de l’animal on a du mal à s’imaginer un met aussi savoureux. Ce matin il y a une accalmie, je me dépêche de prendre la mer pour partir en direction du Cap Tobin et après basculer sur le Hurry Fjord.
Après Cap Tobin je traverse la baie pour aller au Cap Hope, le village est aussi abandonné que le précédent mais l’état d’abandon est encore plus sinistre. Là aussije retrouve une meute de chien redevenu à l’état sauvage. J’ai du mal à identifier la Safety House, elle est moins équipée que Cap Tobin et il n’y a pas d’électricité car ici la génératrice ne fonctionne pas en permanence. Dans ce village tout a été abandonné comme s’il y avait eu un cataclysme, il y a encore des pots de confiture sur les étagères de l’épicerie, avec d’autres articles. L’école est presque intacte avec les livres éparpillés par terre. Il y a encore l’église qui doit encore être entretenu par des gens de passage. A la tombé de la nuit je vois arriver un couple d’allemand à pied, ils randonnent depuis l’aérodrome de Nerlerit Inaat, cela fait une quinzaine de jours qu’ils marchent, ils sont déçus, ils croyaient ce village encore habité et souhaitaient refaire leur plein de nourriture avant de poursuivre vers Ittoqqortoormiit. Le matin la mer a un peu forcit et j’ai un peu de difficulté à quitter la plage.
Je bascule dans le fjord Hurry. Le temps est encore beau me je ressent un changement dans l’air. Il y a quelques jours la station météo m’avait mis en garde contre une tempête qui doit arriver cette nuit, je suis donc à la recherche d’un gros rocher pour pouvoir y abriter la tente, car on m’a prévenu que les tempêtes étaient terribles dans ce fjord. Je trouve un petit renfoncement derrière un cap pour y abriter le kayak car je prévois de fortes déferlantes et à 500 m de là il y a un rocher tourné dans le sens des vents dominants qui va me permettre de protéger la tente, en plus il y a un petit lac avec un ruisseau, cela me permettra de prendre un bain pour me dessaler, Brrr mais à 3°c…
J’ai à peine commencé à installer la tente que la tempête commence à arriver, j’ai bien fait d’accoster car je crois que je me serais retrouvé dans une situation critique si j’avais été en mer à ce moment. Le gros de la tempête arrive dans la nuit avec des trombes de pluie, j’ai beau être collé derrière le rocher la tente est secoué dans tous les sens, les rafales doivent dépasser les 100Km/h. La tente aura été balloté toute la nuit et il a beaucoup plut. Mais heureusement l’humidité n’a pas trop pénétré à l’intérieur. Le temps se calme un peu dans la journée, mais la mer est démontée, heureusement j’ai mis le kayak en hauteur sur un rocher car les vagues viennent s’écraser sur la berge. Je vais me promener un peu autour de la tente comme il m’est impossible de mettre le kayak à l’eau. Le beau temps est revenu avant de prendre la mer je profite du soleil pour me laver dans le petit lac, finalement je me suis habitué à l’eau à 3°. Je m’enfonce un peu plus dans le Hurry fjord, puis c’est le retour ver le cap Hope. Le temps se détériore un peu avant le cap, j’accoste difficilement sur une petite plage abrité afin de me donner le temps de la réflexion pour décider de poursuivre ou de ne pas poursuivre. Je décide de passer quand même le cap car je ne suis pas sur que le temps s’améliore dans les prochains jours. Sitôt le cap passé, je suis pris en cisaillement entre deux houles, c’est la seul fois où je sens le kayak instable, je ne peux pas m’arrêter de pagayer pour contrer les vagues. Quand j’arrive face à la plage de Cap Hope, c’est la consternation, il y a des rouleaux de 2m qui s’écrasent sur la grève… Je ne vois pas comment je vais pouvoir accoster. Il y a à peine une vingtaine de secondes entre deux vagues, mais je n’ai pas trop le choix, je choisi donc de surfer sur la vague afin d’être au-dessus quand elle se brise. Je m’élance en sachant que si je me fais prendre par la vague les conséquences seront surement dramatiques. 
Malgré une journée d’attente à cap Hope, le temps ne s’améliore pas, il y a toujours des vagues importantes sur la plage… Heureusement le GSM passe et je peux appeler Ittoqqortoormiit pour avoir la météo, on m’annonce que le vent va se renforcer dans vingt-quatre heures, donc il faut franchir les vagues aujourd’hui. Après plusieurs départs loupés, je me résous à franchir la zone où les vagues se brisent à la nage… Merci Yak pour ces supers vêtements de kayak, ils protègent vraiment bien du froid. Je m’étais promis de ne pas prendre la mer par temps de brouillard, mais aujourd’hui c’est le cas et je n’ai pas le choix, je me suis préparé deux caps à suivre avec la boussole. Finalement la traversé jusqu’à Ittoqqortoormiit se réalise sans problème et la houle ne m’a pas trop contrarié.

 

Le retour...

17/09/08

Pour la dernière nuit je profite du confort de la seule guest house du village, cela me permet de prendre ma première douche chaude depuis plus d’un mois, de me raser et de laver mon linge. Le soir je vais me promener dans le village, personne ne me reconnaît sans ma barbe…
Durant la nuit une formidable tempête s’abat sur la baie de Rosenving, je contemple les rafales de pluie bien à l’abri derrière les carreaux de la guest house. Le matin le vent est encore violent, et la récupération en hélico semble compromise. Finalement il parviendra à trouver une fenêtre météo pour venir me récupérer et me rapatrier sur Nerlerit Inaat où m’attend le DASH 8 de la ligne régulière, sitôt débarqué de l’hélico aussitôt embarqué dans l’avions, il veut profiter de la même accalmie, mais tant que nous sommes à basse altitude l’avion est secoué dans tous les sens, tous se détache dans la carlingue, une fois passé au-dessus des nuages c’est le calme plat, cap sur l’Islande et fin d’une merveilleuse aventure au cœur de la terre des hommes !